HOMMAGE À MA GRAND-MÈRE

À MES ENFANTS ET À A NIÈCE MÉLANIE

Amis créateurs artistiques, connaître le passé de ses ancêtres nous guérit de nos traumatismes.

Ma grand-mère fut la seule de notre famille ayant eu une véritable créativité musicale, malheureusement, de médiocres phallocrates lui ont dénié son talent en espérant se l’approprier. 

Curieusement mon talent artistique fut lui aussi dénié sinon jalousé par ma mère musicienne surdouée. Elle fut à six ans une enfant  prodige en musique, mais son succès musical trop précoce a fini par la faire échouer sur l’écueil de la médiocrité.

Nous avons été fusionnels jusqu’à mes six ans environ, puis la rupture entre nous fut brutale et incomprise par l’enfant que j’étais .

Cette tension maternelle a eu pour effet terrible de me faire devenir le bouc émissaire de certains de mes frères et sœurs. 

Cette maltraitance à mon encontre s’est étendue au quartier où nous habitions, puis à l’école que j’ai violemment rejetée, et il m’a fallu atteindre l’âge de la vieillesse pour arrêter de m’auto exclure de l’existence.

Au crépuscule de ma vie j’ai compris que mes illusions affectives avaient forgé mes tourments pendant des dizaines d’années. Ma lutte acharnée contre la médiocrité  a fini par me faire adopter l’enfant maltraité que j’ai été.

Aujourd’hui apaisé, il m’arrive de pleurer en pensant à ma grand-mère musicienne. Cette artiste était une taiseuse, mais à l’insu des autres, elle m’a fait prendre conscience de mon propre talent artistique et m’a transmis son secret par nature, qui a fait de moi celui que je suis devenu aujourd’hui.

 J’ai encore le souvenir du câlin de ma grand-mère qui me disait, « Bidou, tu as l’âme d’un grand poète. » Pourquoi et comment j’ai compris son message ?

J’avoue de ne pas le savoir, mais  le jour où elle m’a montré des sculptures de Camille Claudel, elle venait de  déterminer mon avenir. 

J’ai créé et construit mon œuvre tout au long de ma vie contre la médiocrité, et je mourrais dans un dernier geste créatif.

Je dédie mon œuvre au talent artistique ignoré de ma grand-mère.

Oui ! Parfois la mort devient une œuvre éternelle aux talentueux.

 Merci Mamé.

Mathius 

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